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CAMILLE

J’étais convaincue que c’est seulement en ayant de l’argent que je pourrais faire ce que je voulais quand je le voulais. Pourtant, c’est bien quand j’en avais le moins que j’ai pris les meilleures décisions de ma vie.

Moi, c’est Camille et je vous embarque dans ma relation à l’argent. Je vais vous raconter comment je l’ai détricotée grâce au Money Profil et surtout, tout ce que ça a changé chez moi.

Livre Camille Money profil

MONEY PROFIL, MARS 2021

Une grande, une très grande tristesse. C’est ce que je ressens au moment où je réponds au questionnaire. Je suis mal, mon compte toujours dans le rouge, dès le 6 du mois presque. Dès que la banque prélève le « débit différé » de ma carte bleue en fait.

J’ai rencontré Sandrine dans une réunion de réseautage, en visioconférence. Nous étions encore dans des semi-confinements. Tout de suite, ce qu’elle proposait m’a plu. Une évidence que je devais la solliciter, que je devais questionner ma relation à l’argent. Je le savais que cette relation était toxique.
Je ne savais simplement pas que cette prestation existait. Quand bien même je l’aurais su, aurais-je sauté le pas avant ? Étais-je assez « mûre » pour cela ?

C’est dire, je n’avais même pas de quoi payer le Money Profil ; ma situation m’avait déjà conduite à tarir mes économies. Mais j’étais déterminée. J’ai mis de côté ce qu’il fallait et la vie a fait le reste, un coup de pouce inattendu, bienvenu. Comme quoi, quand on a une intention et qu’on accepte de recevoir, tout avance plus rapidement. Alors que je m’imaginais devoir attendre plusieurs mois, j’ai pu m’offrir ce cadeau en quelques semaines.

Une visio, à nouveau. La bienveillance de l’autre côté de l’écran et un questionnaire qui me renvoie à mes propres croyances. Impossible de me mentir à moi-même, aucun intérêt.

L’évidence est implacable : je suis dans le rouge pour faire plaisir aux autres. Je fais miens leur manque, leur tristesse, leurs sentiments et en bon petit soldat, en « bon petit sauveur » j’achète. J’achète pour compenser cette profonde tristesse que j’ai accumulée au fond de moi. Pas seulement la mienne, la leur aussi. Je ne fais pas de gros achats, mais des petits caprices. Rarement, que dis-je ? Jamais pour moi. J’achète pour la famille, j’achète pour les enfants, je fais des courses plus qu’il n’en faut et j’achète seule ou « à la place de ».

J’ai tellement intégré le fonctionnement de Christophe, mon mari, compris ses craintes et ses besoins, que je ne lui demande rien. Je paie tous les frais de la maison sur mon seul salaire. Le minimum, il participe au prêt et parfois à l’électricité. C’est tout. Les courses, les assurances, l’habillement des enfants, les cadeaux, c’est pour moi.

L’activité de massages qui a démarré ne me rapporte pas les revenus qu’elle devrait. J’ai tellement envie que mes clientes et clients en profitent que j’applique des tarifs trop faibles. Elles ne m’ont rien demandé. Je me projette en elles : ne pas avoir les moyens de s’offrir un moment à soi. Tant pis, je le leur donne presque, je compense.

Et puis… il y a l’Entreprise. Oui, je mets une majuscule, car elle a tant représenté dans ma vie. Ce n’était pas n’importe quelle entreprise. C’était l’entreprise familiale de transports, créée par mon grand-père, développée par mon père. Un leg en quelque sorte. L’Entreprise, j’y suis rentrée naturellement, par choix je dirais, mais était-ce réellement le cas ? Ou étais-je guidée par une sorte de loyauté familiale dont je n’avais pas conscience ? Toujours est-il qu’au moment où je fais le Money Profil, notre situation a évoluée. L’Entreprise a changé de mains, elle n’est plus aussi florissante et frôle même la liquidation. Au moment où je fais le Money Profil, je n’y travaille plus. Mais je donne régulièrement un coup de main. Bénévolement. Et cela me coûte : je suis épuisée émotionnellement et je suis aussi privée de l’arme nécessaire au développement de mon activité, le temps. Pourtant, je donne. Je le leur dois. Enfin, c’est ce que je crois.

Si je vous parle de l’Entreprise, il faut naturellement que j’évoque mes parents. Ils ont toujours été et sont toujours présents. Mais au moment où je fais le Money Profil, sans être compliquée, la relation avec mon père me perturbe quelque peu. Bien qu’à la retraite, bien que ne faisant plus partie de l’Entreprise, il ne comprend pas mon choix de m’être « portée volontaire » pour subir le licenciement économique dont la société avait besoin pour préserver le reste de l’équipe. Il ne comprend pas ma nouvelle activité et ces formations que j’ai faites. Tout en me soutenant, il ne comprend pas ma reconversion. Et moi, je suis tellement dépendante de son regard. Je suis sa fierté.

Au milieu, il y a ma fille, Servane. Mon fils, Fabrice, né d’une précédente union, ne vit plus à la maison. Il est sorti de là comme on dit et se débrouille très bien. Au moment du Money Profil, je prends d’ailleurs conscience que lorsque je vivais seule avec lui, avec un seul revenu, je ne m’étais jamais retrouvée dans une telle situation. Je m’égare. Ma fille, donc, bénéficie de mes largesses et perçoit mon trouble. C’est souvent pour elle que j’achète sans qu’elle réclame comme pourrait le faire une adolescente de son âge. Un jour un t-shirt, un jour un pantalon, un jour une babiole ou un bijou fantaisie et de la nourriture, tout ce qu’elle aime, plein le frigo. Je veux qu’elle ne manque de rien. À travers elle, je ne veux manquer de rien. Et je compense, toujours.

Voilà l’état dans lequel je suis lorsque ce jour de mars 2021, je réalise mon Money Profil avec Sandrine. Elle me questionne au-delà de son outil. Il ne sert qu’à mettre en exergue certains points sur lesquels travailler. C’est après que le détricotage, terme qu’elle affectionne, commence. Qu’est-ce qui m’amène à penser que « L’argent c’est la liberté » ou que « L’argent, de toute manière, ce n’est pas si important dans la vie. » Et surtout, qu’est-ce qui m’amène à me retrouver dans cette situation ?

Au cours de l’entretien, rapidement, elle me fait faire un exercice formidable, révélateur de ma position : elle me fait dessiner. Un dessin vaut mille mots (pourtant, je vous écris mon histoire !) et là, c’est le déclic. À force de bonhommes en bâtons (ce sont mes seules prouesses en la matière) et autres joyeusetés, je schématise ma vie : moi, en dessous de tous les autres. Je positionne naturellement Christophe éloigné de moi, l’Entreprise très très haut au-dessus de moi, mes clients aussi dans une moindre mesure. Auprès de moi, il y a seulement ma fille. Je rappelle que nous sommes ici dans ce qui influe sur ma vie financière. Je n’oublie pas mon fils, mais son rôle n’est pas ici.

Si un certain nombre d’éléments avaient déjà été portés à ma conscience, là c’est posé, visible, impossible à mettre de côté. J’explique à Sandrine pourquoi j’ai mis telle personne ici et pas là. Bizarrement, elle me parle énergie, fatigue, disponibilité mentale, construction et pas argent. L’argent, ce n’est que le reflet matériel extérieur de tout ce que je vis à l’intérieur. C’est fulgurant.

Vient le cœur du sujet, car je dois agir vite. Il faut que je prenne des mesures pour résorber ce perpétuel découvert, pour développer mon activité, pour mettre fin à cette pseudo-fatalité. Pour y arriver, Sandrine me fait mettre en place un plan d’action. Elle met sous la lumière des projecteurs les points sensibles. Ils viennent corroborer ce que j’imaginais, ne m’avouais pas forcément, ou entériner une décision déjà prise : acter ma séparation avec Christophe. Ça aussi, c’était mûr, entre autres. Il fallait « juste » passer le cap. Lâcher du lest, couper l’élastique qui me ramenait à lui, à l’Entreprise.

Il fallait aussi que, mine de rien, je reprenne à titre personnel les bonnes habitudes que j’avais à titre professionnel : être une bonne gestionnaire, faire mes comptes, suivre, développer, anticiper avec la même énergie que celle que j’avais aux grandes heures de mon salariat. Sauf que là, ce serait pour moi que je le ferais.

Une heure trente de discussions plus tard, Sandrine me fait refaire le schéma. Elle me fait repositionner les personnes autour de moi. C’est dingue, il faut qu’elle me force. Je ne veux même plus y remettre Christophe et l’Entreprise. Je me suis consciemment libérée de ce poids. Je leur fais quand même une mini place, bien plus bas que moi, bien loin de moi. Le plus impressionnant, c’est que naturellement, je me repositionne au centre. Je suis de nouveau importante et c’est mon épanouissement que je vais servir !

 

AVANT LE MONEY-PROFIL, MON ENFANCE

On porte tous en nous, qu’on le veuille ou non, l’héritage de notre famille, de notre éducation, de notre vécu.

Et le don, c’est l’histoire de ma vie. Je sais aujourd’hui que j’ai reproduit le schéma familial, dessiné notamment par mes grands-parents maternels. Chez eux, il y avait toujours « l’assiette du pauvre », il fallait donner, même quand ils n’avaient pas. Ma mère s’était elle aussi engagée dans de nombreuses associations et opérations humanitaires, en France comme à l’étranger.

Comment, ayant grandi avec ce modèle, pouvais-je passer à côté du don de moi ? D’autant plus que j’ai été scolarisée dans une école catholique, qui faisait écho à notre engagement religieux à la maison. À cette époque-là, dans l’établissement, l’enseignement devenait non-mixte une fois en élémentaire. Les petites filles, encadrées par des sœurs, étaient éduquées à respecter la parole d’autrui et à « tendre l’autre joue ». Et dans cet univers catholique, parler d’argent n’avait pas sa place, était tabou.

Enfin, dans notre fratrie de cinq enfants, j’étais la seule fille. Mon père me choyait. J’étais, je crois que je l’ai déjà dit, sa fierté. Il m’emmenait souvent, m’idolâtrait presque. Je sentais que j’étais à part. Un père avec sa fille, une fille avec son père. Instinctivement, j’avais le sentiment de lui devoir quelque chose en retour. Il ne me demandait rien pourtant, mais c’était plus fort que moi. Il fallait que je l’honore autant qu’il m’honorait. Il fallait que j’aie son aval, sa bénédiction, même implicite. Et cela m’a suivi dans ma vie d’adulte.

AVANT LE MONEY-PROFIL, MA VIE D’ADULTE

Dès la fin de mes études de comptabilité, je suis rentrée dans l’Entreprise. Elle était là, devant moi, impérieuse. C’était facile, c’était mon choix, il y avait un besoin et c’était très plaisant. Je m’y suis beaucoup plu. J’étais à mon aise dans l’équipe, pas nécessairement stigmatisée comme « la fille du patron » par le reste de l’équipe. Je m’y suis beaucoup investie, j’étais consciencieuse comme je l’aurais été pour une autre entreprise. J’avais le goût du travail bien fait, avec assez d’autonomie et de liberté pour m’adapter aux besoins. Tout allait bien.

Côté cœur, après une première union au cours de laquelle Fabrice est né, j’ai vécu seule avec lui quelque temps. Puis j’ai rencontré Christophe, mon futur mari et père de Servane, ma fille. Nous nous aimions, notre histoire a duré dix-sept ans. Néanmoins, elle a démarré sur un déséquilibre qui a causé sa fin. Christophe s’était élevé seul comme on dit. Dans notre ménage, ça s’est traduit par une certaine posture de sa part : un égocentrisme financier. Et moi, je suis arrivée avec la mienne : la sauveuse. J’ai donc commencé à prendre à ma charge, sans que ce soit explicitement demandé, tous les frais du foyer. L’eau, la nourriture, les assurances, etc. Je me suis calquée sur lui. Il ne sort pas son porte-monnaie, je vais sortir le mien, assumer et ne rien demander. Surtout, ne rien demander. Ainsi, il va m’aimer.

Je ne vais pas dire, je n’étais pas malheureuse et j’ai ma part de responsabilité dans la situation. À la maison, c’était un « non-sujet », nous n’en parlions pas. C’était ainsi et puis voilà. Nous n’avions pas instauré de compte commun, sauf lorsque nous avons acheté la maison, cinq ou six ans après avoir commencé notre vie commune. Et sur ce compte ne passait que l’échéance du prêt. Rien de plus. Cela encore, ce n’était pas important. Plein de couples n’en ont pas. Il aurait juste pu payer des choses avec son compte et moi d’autres avec le mien. Non, là, c’était tout pour moi. Et compte tenu de mon éducation et de mon tempérament, pendant bien longtemps, je n’y ai rien trouvé à redire. Pendant bien longtemps même, je n’ai pas vu le problème, car j’avais des économies et je puisais dedans. Je n’étais pas dans le rouge.

AVANT LE MONEY PROFIL, À PARTIR DE 2016-2017

Les événements se sont précipités à partir de ces années-là.

J’ai eu de gros soucis de santé. Mon corps a dit stop. Je manquais d’air. Je ne saurais dire si c’était un burn-out, en tout cas, ça m’y fait beaucoup penser. Toutes sortes de maux. Je commençais à prendre conscience que l’Entreprise, ce n’était pas moi. Mais à tort — c’est facile avec du recul — j’ai pensé que tous mes problèmes venaient d’elle. Enfin, je n’y arrivais plus. J’avais moins de peps, moins d’implication dans mon travail. Surtout, je voulais devenir moi-même. Faire autre chose, sortir du cadre familial qu’elle représentait. Puis il a eu les problèmes, moins d’activité, la menace de la liquidation, le besoin de réduire la masse salariale. Quand tout le monde a peur de cette éventualité, j’y ai vu une opportunité de faire autre chose. J’ai demandé à ce qu’on me mette sur la liste des licenciements. Ma décision n’a pas été très bien perçue. Moi, quitter le navire, personne ne se l’imaginait.

Mais cela s’est fait. Et je me suis formée aux massages, entre autres outils de bien-être. J’ai créé ma microentreprise pour que mon activité démarre. Je proposais des offres diverses et variées, toutes sous-évaluées. Cependant, plusieurs jours par mois, je donnais un sérieux coup de main à l’Entreprise. Le résultat ne se faisait pas attendre pour moi : pas de prospection, pas de ventes, pas de massages et de l’énergie.

Je me sentais mieux, mais proportionnellement toujours aussi mal. Et je faisais les courses, j’achetais, je compensais.

Pour autant, quand on commence à faire bouger une ligne, les autres suivent. Un jour, je me suis posée, j’ai pris le temps et tout est devenu limpide, là devant moi. J’étais toujours dans le rouge alors que mes revenus ne s’étaient pas dégradés. Comme je suis partie sur un licenciement économique, la première année, j’ai conservé l’intégralité de mon salaire. C’est cette année-là que j’ai fait l’essentiel de mes formations. Les deux années suivantes, j’avais mes allocations chômage. Avec mon activité libérale en plus, les masses s’équilibraient question recettes. Si j’analyse bien, de manière factuelle, je n’aurais pas dû être dans le rouge. Heureusement, j’avais de très bonnes relations avec ma banque. Ma conseillère était plus en recherche de solutions qu’en acharnement contre moi.

J’ai donc pris le temps de réfléchir à tout ça et je me suis rendu compte que oui, il y avait l’Entreprise, mais il y avait aussi cette relation déséquilibrée avec Christophe. À ne pas vouloir le vexer, à ne pas vouloir demander, à ne pas vouloir m’imposer, ma situation financière s’est petit à petit dégradée. Et j’ai pallié seule en endossant cette posture de sauveur. En voulant faire pour lui, en le faisant passer avant moi, je me suis mise toute seule en difficulté. Je suis passée dans la position de victime. À ce moment-là, la ligne suivante a bougé. J’ai osé demander. Et comme je ne tenais plus mon rôle, notre couple a moins bien fonctionné.

C’est quelques mois plus tard que j’ai assisté à cette réunion et que j’ai découvert le Money Profil de Sandrine.

APRÈS LE MONEY PROFIL, TRÈS RAPIDEMENT

Comme je l’ai déjà dit, lorsque j’ai fait cette démarche, j’étais plus que déterminée. Et les décisions qui en ont découlé ne se sont pas fait attendre longtemps.

Dès la semaine suivante, j’ai réellement, physiquement, tiré un trait sur l’Entreprise. Du fait de ma position, j’avais à mon domicile un certain nombre de documents. Ils pesaient lourd. Des pleins cartons. Je les ai rapportés à l’Entreprise. J’ai posé les cartons devant la porte et je ne suis même pas rentrée. Comme pour le dessin, cela a été physique. Je suis repartie libérée de ce bénévolat, légère de cette charge que j’avais ôtée de mes épaules. Je ne devais plus rien à l’entreprise.

J’avais tellement dézingué mes croyances que je me suis mise à vendre mes massages par forfaits de 5, 10 voire 15. J’avais intégré cette notion de faire rentrer de la trésorerie pour éponger puis pour gagner en sérénité. Cette offre n’a pas forcément duré, mais quelques clientes (seulement des femmes) ont pris ce pli de toujours m’acheter des carnets !

Très vite aussi, j’ai mis un terme à mon couple. Cette décision était déjà prise, mais il me manquait le déclencheur pour quitter le domicile. C’en était de toute façon fini de cette vie de « sauveuse » qui, plus j’avançais, plus je m’en rendais compte, maintenait artificiellement notre couple. Dès le moment où j’avais commencé à prendre conscience de mon rôle dans notre histoire, elle a commencé à être moins jolie. Arrive un moment où il faut arrêter de se voiler la face.

Comme un effet domino inversé — puisqu’ici chaque pièce de moi s’est relevée au lieu de tomber — par un curieux hasard, une personne que j’avais perdue de vue depuis près de trente ans, voire quarante, a refait surface dans ma vie et m’a proposé un emploi. Vraiment, tout est allé très vite. Très très vite. Quand j’avais quitté l’Entreprise, je m’étais double formée à divers accompagnements. Je me suis rendu compte en parallèle d’un, que tout n’était pas fait pour moi (aurais-je été réellement à ma place sur toutes les activités ? Aurais-je eu la bonne posture ?), et de deux que j’avais envie d’utiliser mes capacités de comptabilité, de gestion et pour ainsi dire de « bras droit ». J’aimais cela et je m’étais menti.

Lors d’un massage, je m’en suis ouverte à un client, qui n’était autre que cet ancien copain d’école. Et il m’a dit que si lui ne pouvait rien m’offrir directement, il savait où je pouvais trouver le poste qu’il me fallait. Et c’est sous sa recommandation, après entretiens bien sûr, qu’à peine deux mois plus tard, j’intégrais mon emploi actuel ! Il m’offre un revenu récurent, correct, pour un travail qui me passionne et qui me laisse toute l’autonomie dont j’ai besoin pour exercer.

Dernière pièce de domino… Quand on change de posture, que l’on accepte les choses, notre physique s’en ressent. De terne, mon visage est rapidement redevenu rayonnant. D’avoir accepté que mon couple était terminé, d’être partie, je me suis autorisée à vivre pour moi. Et vivre pour moi, c’est faire des rencontres. Certaines restent amicales et d’autres évoluent. Là encore, je n’ai pas fait dans la demi-mesure ! Sans le chercher, sans le vouloir explicitement. Ça s’est présenté, c’était le bon moment, la bonne personne, c’est tout. Très vite donc, j’ai fait la connaissance de Jean-Philippe. Et à nos âges, nous n’avons pas le temps d’attendre. Instinctivement, nous avons tout de suite su qu’il fallait qu’on vive ensemble. C’est ainsi que dès le mois d’août, je vivais chez lui, avec Servane, qu’il a accueillie à bras ouvert et qu’elle apprécie beaucoup. Inutile de préciser que ce n’était pas dans le plan d’action de Sandrine !

MA VIE UN AN PLUS TARD, MARS 2022

Il y a d’une part ce que j’ai compris, de mon fonctionnement, de moi, de la vie.

Je n’achetais pas spécialement par générosité, je le sais maintenant. J’achetais pour tromper ma propre détresse, pour combler ce besoin jamais rassasié d’être aimable et d’être aimée. Et il en était de même avec Christophe finalement. J’ai tout pris à ma charge pour qu’il m’aime, lui qui s’était « élevé tout seul » et n’avait pas forcément besoin de quelqu’un à ses côtés. D’où certainement son comportement égocentré. Enfin, je l’imagine comme ça, mais ce n’est que mon analyse.

Je sous-évaluais le tarif de mes prestations de massage pas seulement pour être gentille, mais bien pour qu’on m’aime aussi. Que mes clientes et clients m’aiment moi et non le travail que je réalisais avec eux.

Le bénévolat, un don de soi par essence, doit être une ressource en énergie. Je suis heureuse d’avoir mis en lumière à quel point celui que je pratiquais pour l’entreprise n’en était non seulement plus une, mais était bel et bien devenu une charge.

J’accordais vraiment trop d’importance « à l’autre », à son jugement. Je donnais trop de valeur à ce que mon entourage pouvait penser plutôt qu’à ma propre personne.

Et puis, il y a ma vie aujourd’hui.

Avec Jean-Philippe, tout se passe bien. On pourrait croire que je suis passée de l’autre côté de la barrière puisque je vis chez lui et que j’ai peu de frais. C’est pourtant loin d’être le cas, car je participe sous une forme ou sous une autre aux frais du ménage. Hors de question pour moi de ne pas prendre une part. Et puis, j’assume les frais qui concernent ma fille.

Côté professionnel, depuis que j’occupe ce nouvel emploi, je suis parfaitement à mon aise. Ce n’est pas le statut, le contrat qui fait de moi une indépendante. Je le suis totalement dans la gestion de mon activité au quotidien. En parallèle, pour me libérer encore un peu plus de charges, j’ai mis fin à la location de salle pour les massages. Maintenant, je n’interviens qu’à domicile et j’ai trouvé un bel équilibre. Surtout, je n’ai plus honte de les vendre !

Et singulièrement, face émergée de l’iceberg, j’ai changé de vocabulaire. Face immergée de l’iceberg, j’ai changé de posture. Avant, j’aidais les autres ; maintenant, je les accompagne. Avant, je les « sauvais » ; maintenant, je suis à leurs côtés.

J’ai pris ma vraie place.

Nouvelle écrite pour le compte de Sandrine Gleize-Ricci, fondatrice du Money-Profil.

L’histoire est réelle, les noms des personnes et des lieux ont été modifiés pour maintenir l’anonymat.

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